Homo sapiens (signifiant Homme sage en latin) est le nom binomial désignant l'espèce humaine1, il est l'appellation scientifique de ce qu'on nomme communément l'Homme2, l'humain ou encore l'être humain.
Sur l'arbre du vivant, il appartient au règne animal, ordre des primates, et est le seul représentant actuel du genre Homo, les autres espèces incluses dans ce genre, une quinzaine en l'état actuel des connaissances, étant éteintes.
Traditionnellement, on caractérise les membres du genre Homo par la locomotion bipède et l'aptitude à fabriquer des outils complexes. Le cerveau, par sa complexité, rend aussi possible la capacité à faire preuve d'abstraction et d'introspection. Au vue des débats scientifiques récents3,4, il semble qu'il n'existe pas de définition biologique simple pour caractériser les Homo ou Homo sapiens par rapports aux autres grands singes, et que la classification moderne doive se faire comme pour toute autre espèce vivante par la considération de tout un ensemble de caractéristiques biologiques.
Toutefois, au niveau culturel, Homo sapiens se distingue par rapport à toute autre espèce existante par la complexité de ses réalisations techniques et artistiques, l'importance de l'apprentissage et de l'apport culturel dans le développement de l'individu, mais aussi par l'ampleur des transformations qu'il a occasionnées sur son milieu et par un aménagement important du territoire. Depuis l'accélération du développement de certaines sociétés humaines, à partir du Néolithique puis la période de la « révolution industrielle » , de nombreux paysages de la planète ont été modifiés5.
Le mot français « homme » est une évolution du latin hominem, forme accusative de homo et se réfère avant toute chose à l'espèce Homo sapiens dans son ensemble. Le mot « homme », dans une deuxième acception, désigne aussi l'individu mâle. L'individu femelle est, quant à elle, dénommé « femme ».
Certaines langues font la distinction entre l'homme « être humain » et l'homme « individu mâle » : par exemples le latin (homo = être humain et vir = être humain mâle), l'allemand (Mensch = être humain et Mann = être humain mâle). En français, certains dialectes (dont celui de France) utilisent indistinctement le terme « homme » tantôt pour parler du mâle, tantôt pour parler de l'espèce, alors que d'autres (comme celui du Québec) préféreront les termes génériques « personne » et « humain » pour désigner un membre de l'espèce et réserveront la dénomination « homme » pour parler du mâle humain adulte. Les droits de l'homme, par exemple, sont dénommés ainsi dans de nombreux pays francophones, mais, au Québec, on parle plutôt de « droits de la personne ».
Toutefois, on peut remarquer l'emploi de la majuscule (Homme) pour distinguer l'espèce (Homo Sapiens) de l'être humain mâle (homme).
Le nom Homo sapiens relève de la terminologie scientifique introduite par Carl von Linné, élaborée pour sa classification systématique des espèces : la dénomination binomiale. En dehors de l'usage qui en est fait pour cette dénomination le mot latin « homo » doit porter une minuscule lorsqu'il est utilisé uniquement en tant que mot latin. Lorsqu'il est utilisé en tant que nom biologique de genre (« Homo »), c'est-à-dire le premier terme de la dénomination, il doit porter la majuscule. La dénomination scientifique complète de l'espèce humaine est, suivant cette terminologie : Homo sapiens, Linné 1758.
La signification des différents éléments de cette dénomination est la suivante :
Toutefois, en pratique, en zoologie, le nom et l'année sont rarement précisés.
Jusqu'en 2003, l'espèce Homo sapiens était subdivisée en deux groupes distincts, considérés comme deux sous-espèces, dont l'une était l'espèce humaine actuelle, et l'autre, une espèce cousine éteinte, celle de l'homme de Néandertal. Comme pour toute sous-espèce la conséquence terminologique a été de créer des noms trinomiaux en rajoutant un adjectif, toujours latin (et en italique), après le nom d'espèce. C'est ainsi que l'espèce humaine était appelée Homo sapiens sapiens. Bien que souvent encore entendue, cette terminologie n'est plus en vigueur pour la majorité des scientifiques. En effet, n'étant pas une terminologie constitutive, mais référentielle, elle est le réceptacle évolutif qui reflète l'état des connaissances et la place de l'homme dans la compréhension que celui-ci a du monde : de nouvelles connaissances ou une nouvelle compréhension pourront produire une nouvelle classification, qui pourra conduire à une nouvelle dénomination.
Le deuxième atout de cette terminologie est, depuis Linné, d'avoir offert un langage commun. Par delà les noms vernaculaires propres à chaque langue pour désigner l'espèce humaine ou les membres de celle-ci : Human, Mensch, Ser humano... et parfois multiples au sein d'une même langue : l'espèce humaine, l'homme, l'humain ; Homo sapiens se présente comme un vocable de référence, certes de nature scientifique, mais qui a su par ailleurs acquérir une notoriété dépassant celle du jargon.
Les recherches en paléontologie humaine ou paléoanthropologie, ainsi que des études en génétique aboutissent à l'idée que la population originelle pour tous les humains se situait en Afrique, il y a très approximativement 200 000 ans.
La classification des ossements fossiles dans l'espèce Homo sapiens, est réalisée par le rapprochement des morphologies osseuses comme :
De plus ces caractères propres doivent être combinés à d'autres caractères comme un volume cérébral important: entre 1 400 et 1 600 cm3. Par exemple le « récent » fossile de l'homme de Flores n'a pu être attribué à Homo sapiens en raison d'un volume cérébral de seulement 400 cm3.
Leur datation et la délimitation de zones géographiques de répartition sont de précieux renseignements sur nos origines. Elles permettent de faire des déductions ou d'affiner les hypothèses. La précision de cette science est limitée car elle est dépendante des éléments osseux et matériels mis au jour au fur et à mesure des fouilles. Ces découvertes ne permettent pas aujourd'hui à la paléontologie d'expliquer avec précision où, quand, et comment est né le premier représentant d'Homo sapiens. On sait néanmoins, qu'Homo sapiens trouve son origine dans l'arborescence évolutive des homininés se trouvant en Afrique. Alors que l'homme de Néanderthal a fait son apparition en Europe depuis 250 000 ans, Homo sapiens n'aurait migré depuis l'Afrique vers l'Europe et l'Asie que vers la fin des grandes glaciations vers -40 000 ans. Tous deux ont été contemporains l'un de l'autre, mais les conditions de leur rencontre et les détails de leurs « relations » ne sont pas connus. L'homme de Néanderthal est une espèce éteinte alors que Homo sapiens s'est maintenu, a colonisé tous les continents terrestres, a commencé à s'implanter sur divers astres (la Lune, préparation de l'implantation sur la planète Mars) du système solaire et même à projeter des outils (sondes Voyagers et Pioneers) au-delà de celui-ci.
C'est en Afrique que les plus vieux ossements ont été découverts. Aujourd'hui, les paléontologues donnent à Homo sapiens un âge d'environ 200 000 ans puisque les plus vieux ossements retrouvés sont deux crânes datés de -195 000 ans, et appelés Omo 1 et Omo 2 ; viennent ensuite ceux de l'homme d'Herto encore appelé Homo sapiens idaltu, datés d'environ -154 000 ans.
Ensuite viennent les ossements de Qafzeh et Skhul en Israël/Palestine datés respectivement de -97 000 et -80 000 ans.
Les plus célèbres sont ceux de l'homme de Cro-Magnon, datés de -35 000 ans et découverts en France.
Jusqu'en 2003, l'espèce Homo sapiens était subdivisée en deux sous-espèces, Homo sapiens sapiens et Homo sapiens neanderthalensis. Les résultats d'analyses génétiques ont conduit la plupart des auteurs à considérer ce dernier taxon comme une espèce à part entière, nommée Homo neanderthalensis. L'homme moderne et ses ancêtres immédiats ne sont plus considérés comme des Homo sapiens sapiens mais comme des Homo sapiens, dont ils sont les seuls représentants.
Les êtres humains actuels appartiennent à cette seule espèce, et sa subdivision en races est généralement considérée comme non pertinente, d'un point de vue biologique. Le 21 décembre 2005 la planète Terre a vu l'espèce humaine atteindre 6,5 milliards de représentants.
Les comparaisons entre différentes populations humaines actuelles des séquences de l'ADN mitochondrial et du chromosome Y suggèrent fortement que tous les humains actuels ont une origine commune située en Afrique. Les comparaisons avec l'homme de Néanderthal semble confirmer qu'il n'y aurait pas eu de croisement avec cette espèce, mais l'hypothèse n'est pas encore complètement exclue.
Du point de vue scientifique, l'apparition de l'homme résulte d'une évolution biologique à partir d'espèces ancêtres, d'abord des eucaryotes, puis des vertébrés, des tétrapodes et aussi des mammifères arboricoles présentant une allure générale semblable aux singes actuels. Cette évolution depuis notre ancêtre commun le plus récent avec les chimpanzés est relativement bien documentée grâce aux fossiles, bien que des lacunes importantes existent6; le fait que les deux espèces de chimpanzé, Pan troglodytes et Pan paniscus, soient considérés comme les espèces vivantes les plus proches de l'Homme est aussi établie par la phylogénétique.
Les séparations des lignées ayant mené aux différentes espèces de primates actuels, dont le genre Homo, se sont produites de manière successive. La séparation la plus récente entre la lignée humaine et celle d'une autre espèce de primate a été la bifurcation des Homininés en Hominines (lignée humaine) et Panines (lignée des chimpanzés). Selon David Reich de la Harvard Medical School à Boston, cette séparation s'est faite il y a moins de 6,3 millions d'années7. Toutefois, ces travaux indiquent également que cette séparation a été progressive, car la comparaison des séquences des chromosomes X de l'Homo sapiens et du chimpanzé montre des similitudes qui semblent refléter une période de ré-hybridation entre des Hominines et des Panines. Une hybridation significative entre au moins une espèce de chimpanzé d'une part, des espèces d'australopithèque et probablement des espèces d'homme d'autre part, conduisant à des échanges de gènes entre les deux tribus, a dû exister pendant peut-être quatre millions d'années selon les auteurs de ces travaux.
Les mécanismes orientant cette évolution ne sont pas encore entièrement compris, mais la sélection naturelle semble avoir joué un rôle important : l'environnement aurait guidé notre évolution récente bien que les facteurs environnementaux responsables n'ont pas encore tous été identifiés.
Les théories scientifiques se sont d'abord centré sur l'évolution de la taille du cerveau qui aurait précédé en temps les autres évolutions adaptatives de l'être humain (théorie du singe au gros cerveau). Toutefois la découverte de Lucy qui avait une démarche déjà bipède mais un cerveau de faible volume vint infirmer cette hypothèse, la bipédie étant de loin plus ancienne voire archaïque tandis que l'augmentation du volume cérébral étant un phénomène plus récent. Des empreintes de pas fossilisées datant de 3,75 millions d'années (trouvées à Laetoli en Tanzanie) montrent une bipédie archaïque. Des empreintes comparables aux nôtres datant de 1,51 à 1,52 millions d'années (trouvées au Kenya à Ileret)8.
Par sa capacité à maîtriser des techniques lui permettant d'affronter des conditions climatiques difficiles, l'être humain vit dans quasiment tous les milieux terrestres et sous quasiment toutes les latitudes. Seules certaines régions extrêmes, comme l'Antarctique, ne sont pas colonisées de manière permanente.
On estime qu'en 2009 l'humanité compte 6,789 milliards d'individus9.
Les espèces actuellement les plus proches de l'humain sont les deux espèces de chimpanzé : Pan troglodytes (le chimpanzé commun) et Pan paniscus (le bonobo). Dans leur proximité phylogénétique à l'homme viennent ensuite le gorille et l'orang-outan. Le génome des humains ne diffère que de 0,27 % de celui des chimpanzés, et de 0,65 % de celui des gorilles. Ces chiffres conduisent à estimer que notre lignée s'est séparée de celle des chimpanzés il y a environ cinq millions d'années, et des gorilles il y a environ sept millions d'années.
La démarche phylogénétique part de l'idée que la vie évolue des formes les plus simples aux plus organisées, avec acquisition de plus en plus de caractéristiques nouvelles, même si des pertes secondaires de caractères peuvent se produire au sein des lignées. Ainsi, l'espèce humaine fait partie, comme toute autre espèce du vivant, de plusieurs groupes emboîtés dont chacun est caractérisé par un caractère nouveau, qui se rajoute à ceux déjà accumulés. Notre espèce est classée dans :
Dans le groupe des primates, Homo sapiens fait partie10 des :
Parmi toutes les espèces cités ci-dessus, aucune n'est « inférieure » à aucune autre. Seuls les degrés de parenté diffèrent, en allant des espèces les plus éloignées jusqu'aux espèces les plus proches de nous.
On entend souvent : « l'homme descend du singe ». Cette phrase est en fait fausse : l'humain partage avec les singes actuels des ancêtres communs, qu'on ne connaît pas encore. L'Homo sapiens serait en fait l'espèce actuelle la plus proche des chimpanzés, et inversement. Donc, parmi toutes les espèces vivantes actuelles, il n'y aurait aucun ancêtre, mais simplement des espèces qui sont plus ou moins apparentées entre elles. Du point vue scientifique, les humains ne sont pas « plus évolués » que les chimpanzés. Ils ne sont pas « supérieurs » aux autres êtres vivants, ni aux singes, ni aux bactéries ; chaque espèce est adaptée à son milieu. Parler en termes de supériorité d'une espèce relève de jugements de valeur.
Selon Jean-Marie Schaeffer11, on a longtemps estimé, en sociologie et en philosophie, que l'espèce humaine était à part dans le monde vivant. Dans son ouvrage La fin de l'exception humaine, il estime que l'espèce humaine doit être considérée de la même manière que les autres espèces « pour appréhender la complexité de notre psychisme et de nos relations sociales ».
La notion du propre de l'homme relève à la fois de la philosophie et de la science, notamment la paléoanthropologie et la sociobiologie, et a une grande importance religieuse.
Les plus anciennes traces de réflexion sur la spécificité de l'homme remontent à l'Antiquité. Par la suite, à de nombreuses reprises, les scientifiques et les penseurs ont tenté de définir le propre de l'homme par des caractéristiques anthropocentriques aujourd'hui dépassées12 :
Durant les développements de la science moderne, les « spécificités » avancées comme étant propres à l'homme ont tour à tour été remise en question. Ainsi, il fut avancé que le propre de l'homme était l'usage de l'outil, et il fut aussi question de la culture, qui semblait seulement exister chez notre espèce animale. Toutefois, les découvertes récentes montrent que les grands singes manient eux aussi des outils, et sont capable de transmettre des éléments de culture. Le caractère bipède exclusif de l'homme est lui aussi remis en question : la bipédie aurait pu pré-exister parmi l'ancêtre commun des hominoïdes, dans ce cas ce n'est pas la lignée humaine qui aurait acquis la bipédie, mais ce seraient les lignées existantes de grands singes qui l'auraient perdue. Le rire a lui aussi été souvent présenté comme étant le propre de l'Homme mais de nombreuses recherches le montrent comme appartenant également aux grands singes et même aux rats14.
Du point de vue de la biologie, cette question peut sembler peu pertinente si l'on prend l'angle d'approche de la sociobiologie : elle est « évidente » par sa présence. Par contre, la paléoanthropologie apporte une réponse intéressante à la question, tout en se concentrant sur les aspects biologiques de l'Homo sapiens. Une citation de Pascal Picq résume cette position scientifique :
Homo sapiens peut être présenté sommairement comme étant un mammifère terrestre ; dressé sur deux membres inférieurs, qui constituent la base de son corps, en proportion environ de moitié, prolongés, en haut, par le tronc, le cou, puis la tête. Disposant de deux membres supérieurs, se terminant chacun par une main, ce qui lui permet de saisir et manipuler ; d'une taille à l'âge adulte pouvant aller d'environ 80 cm à environ 2,50 m dans les deux extrêmes du nanisme et du gigantisme (plus couramment de 1,40 à 2 m) ; disposant d'organes sexuels ; à la couleur de peau empruntant les degrés du noir, du marron, du beige ou du rosé, pouvant être recouvert de poils par endroits, de forme allant du frisé au lisse et dont la couleur est, indépendamment de la couleur de la peau, de teintes noire, brune, blonde, rousse ou blanche ; aux yeux aux teintes du marron, du bleu, du vert ou du gris...
L'évolution vers Homo sapiens se caractérise par les éléments suivants :
Les liens entre ces éléments, leur valeur adaptative, et leur rôle dans l'organisation sociale est sujet à débat parmi les anthropologues. La taille moyenne des hommes, aujourd'hui, en France, est de 1,75 m, et celle des femmes de 1,62 m, pour des masses respectives moyennes de 75 et 61 kg. Les données individuelles sont très variables autour de ces moyennes, avec une forte influence de facteurs environnementaux, des comportements et des régimes nutritionnels. Les moyennes elles-mêmes varient beaucoup selon les populations et les époques.
Les jeunes naissent avec une masse autour de 3 kg, et une taille d'environ 50 à 60 cm, après une gestation de neuf mois. Totalement dépendants à la naissance, leur croissance dure plusieurs années. La maturité sexuelle survient entre 12 et 15 ans. La croissance des garçons continue souvent jusque vers 18 ans (la croissance se termine vers 21-25 ans avec la solidification de la clavicule). L'espérance de vie est très dépendante des conditions matérielles et de la disponibilité de soins médicaux. L'espérance de vie se situe aujourd'hui autour de 75 ans dans les pays les plus riches, et est inférieure à 40 ans dans les plus pauvres. Des cas isolés de longévité approchent 120 ans, et la personne ayant vécu le plus longtemps sans doute possible sur son âge est la française Jeanne Calment, qui a vécu plus de 122 ans.
L'être humain possède 23 paires de chromosomes (contre 32 pour le cheval).
Bien que les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques soient attribuables à l'homme de Néandertal durant le Paléolithique moyen, les plus anciennes représentations humaines authentifiées comme telles sont le fait d'Homo sapiens et peuvent être datées du Paléolithique supérieur (vers 40 000 à 10 000 ans BP). Ainsi à l'Aurignacien (vers 40 000 à 28 000 ans BP), faciès culturel le plus ancien et attribuable à l'homme anatomiquement moderne en Europe, sont associées les statuettes de Vogelherd, de Geissenklösterle et de Hohlenstein-Stadel qui restituent des figures en ronde bosse représentant des mammouths, des félins, des ours, des chevaux et des hommes. On note aussi dans l'art pariétal, comme à la grotte Chauvet, la représentation de vulves féminines ainsi que d'individus mi-homme mi-bison16. Puis au Gravettien (29 000 à 22 000 ans BP) sont sculptées des figures féminines dites vénus paléolithiques. Au Magdalénien (19 000 à 10 000 ans BP), les représentations humaines sur paroi ou sur objet se font plus fréquentes.
Léonard de Vinci, avec ses dessins d'anatomie, est le premier à étudier le corps humain avec un oeil médical, suivi par Michel-Ange (voir par exemple le « David » ci-dessous) ; ses tableaux s'efforcent de représenter le corps de l'homme avec la précision de la masse organique qui le compose.
Le jeudi 30 mars 2006 s'est tenu à l'UNESCO un colloque ayant pour thème « L'espèce humaine peut-elle se domestiquer elle-même ? ». Le directeur général de l'UNESCO, Monsieur Matsuura, avait alors exposé les deux enjeux de cette question : l'enjeu scientifique, mais également l'enjeu éthique, et exposa ainsi la problématique : « Pour la première fois de son histoire, l'humanité va donc devoir prendre des décisions politiques, de nature normative et législative, au sujet de notre espèce et de son avenir. Elle ne pourra le faire sans élaborer les principes d'une éthique, qui doit devenir l'affaire de tous. Car les sciences et les techniques ne sont pas par elles-mêmes porteuses de solutions aux questions qu'elles suscitent. Face aux dérives éventuelles d'une pseudo-science, nous devons réaffirmer le principe de dignité humaine. Il nous permet de poser l'exigence de non-instrumentalisation de l'être humain ». L'espèce humaine ainsi appréhendée dans sa vulnérabilité génétique pose la question de son statut juridique : Est-elle un sujet de droit ? Est-elle protégée en elle-même ? Comment est-elle protégée ?
Paradoxalement, alors que les conférences insistent de plus en plus sur l'espèce humaine et sur son devenir, les textes internationaux ne protègent pas pour le moment l'espèce humaine par un dispositif qui lui serait expressément rattaché.
Les quelques rares textes qui font mention de l'espèce humaine le font dans leur préambule, au titre de fondement général aux dispositions du corps du texte, qui ne vise donc pas directement à protéger l'espèce humaine elle-même ; ainsi peut-on lire dans le préambule de la Déclaration sur la race et les préjugés raciaux adoptée par acclamation le 27 novembre 1978 à la vingtième session de la conférence générale de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture à Paris pour fonder la non hiérarchisation de ses membres : alinéa 5 : « Persuadée que l'unité intrinsèque de l'espèce humaine et, par conséquent, l'égalité foncière de tous les être humains et de tous les peuples, reconnue par les expressions les plus élevées de la philosophie, de la morale et de la religion, reflètent un idéal vers lequel convergent aujourd'hui l'éthique et la science, ». Il ne faut ici pas confondre la protection de l'espèce humaine en tant que telle, et l'interdiction de la hiérarchisation de ses membres qui est précisément l'objet des dispositions de la Déclaration.
La Convention pour la protection des Droits de l'homme et de la dignité de l'être humain à l'égard des applications de la biologie et de la médecine: Convention sur les Droits de l'homme et la biomédecine élaborée au sein du Conseil de l'Europe, convention dite d'Oviedo du 4 avril 1997, fait également référence à l'espèce humaine dans l'alinéa 10 de son préambule : « Convaincus de la nécessité de respecter l'être humain à la fois comme individu et dans son appartenance à l'espèce humaine et reconnaissant l'importance d'assurer sa dignité; ». L'espèce humaine est de premier abord présentée de nouveau comme attribut d'un sujet de droit pour fonder la protection de celui-ci ; toutefois, la problématique du Directeur Général de l'UNESCO trouve dans le corps de la convention une résonance au sein de l'article 13 de la convention, intitulé « Interventions sur le génome humain » situé sous le Chapitre IV relatif au « Génome humain ». En effet, cet article énonce qu' « Une intervention ayant pour objet de modifier le génome humain ne peut être entreprise que pour des raisons préventives, diagnostiques ou thérapeutiques et seulement si elle n'a pas pour but d'introduire une modification dans le génome de la descendance. ». Ce texte se préoccupe explicitement, non pas seulement de la définition génétique de l'individu lui-même, mais également de sa descendance à travers son patrimoine génétique, et, par là même, de l'espèce. La protection ainsi élaborée n'est cependant pas absolue. En effet, le texte ne retient la modification du génome de la descendance comme illicite que dans la mesure où cette modification n'est pas le but poursuivi ; a contrario, si le génome de la descendance n'est pas la motivation directe de la modification du génome, cette modification est licite dans les cas gouvernés par « des raisons préventives, diagnostiques ou thérapeutiques » relatives à la personne subissant l'intervention.
La procédure se décompose traditionnellement en une Signature par un plénipotentiaire (Chef d'État, Ministre des affaires étrangères...) et une Ratification, qui consiste en une confirmation de cette signature, par l'organe compétent propre à chaque État, qui lie ainsi, de façon effective, l'État au Traité. Ainsi, une convention internationale n'a théoriquement valeur de droit positif que si, après avoir été signée, elle a été ratifiée (en droit français la ratification est le fait du Président de la République, conformément à l'article 52 de la Constitution, après autorisation du Parlement selon les cas énumérés à l'article 53 de la Constitution). La portée de cette protection est donc très relative.
La valeur juridique de ces traités dépend de la compréhension propre à chaque système juridique de ce qui constitue une atteinte à l'espèce humaine. La France a adopté récemment une des premières législations spécifiques visant explicitement à protéger l'espèce humaine.
La loi du 29 juillet 1994 relative au corps humain (une des lois dites bioéthiques) a introduit, dans le droit français, la disposition selon laquelle « Nul ne peut porter atteinte à l'intégrité de l'espèce humaine » (article 16-4 1er alinéa Code civil français). Cette disposition figure parmi les principes généraux devant gouverner les recherches scientifiques et les pratiques médicales (articles 16 à 16-9 c.civ.). D'importants débats existent sur la portée et la signification pratique à donner à cette interdiction : en effet, les alinéas subséquents de l'article 16-4 énoncent les interdictions de l'eugénisme, du clonage reproductif (cette interdiction a été introduite par la loi bioéthique du 7 août 2004), et de la modification des « caractères génétiques dans le but de modifier la descendance de la personne ». Ainsi, le premier alinéa doit-il être interprété indépendamment des autres, ce qui reviendrait à distinguer l'interdiction de porter atteinte à l'intégrité de l'espèce humaine, l'interdiction des pratiques eugéniques et l'interdiction du clonage, auquel cas le premier alinéa demeure énigmatique ? Ou ce premier alinéa doit-il être interprété à la lumière des alinéas subséquents, auquel cas l'intégrité de l'espèce humaine serait atteinte par la réalisation d'actes d'eugénisme ou de clonage ?
Une réponse semble pouvoir exceptionnellement être recherchée dans la traduction pénale de ces interdictions : en effet, ce sont les mêmes textes qui figurent dans le Code civil français et dans le code pénal, textes qui ont été, de surcroît, introduits par les mêmes lois. Protégée pénalement depuis 1994 à l'article 511-1 du code pénal, dans le livre qui protégeait les animaux des sévices graves (le Livre V du code pénal), l'espèce humaine a reçu par la loi bioéthique du 7 août 2004 une protection renforcée, les dispositions la protégeant ayant été déplacées en partie dans le livre II, lui faisant partager à présent l'intitulé du Titre I qui réprimait les crimes contre l'humanité, soit : « Des crimes contre l'humanité et contre l'espèce humaine », et lui consacrant le Sous-titre II intitulé « Des crimes contre l'espèce humaine » regroupant les articles 214-1 et suivant.
L'enjeu de ces dispositions est de préserver les spécificités biologiques de l'espèce humaine que sont toutes ses caractéristiques génétiques :
Les crimes contre l'espèce humaine peuvent être considérés comme le deuxième ensemble d'infractions les plus grave du système juridique français, après les crimes contre l'humanité, apparaissant en deuxième position (après les crimes précités) dans l'énonciation des infractions dans le code pénal, et l'action publique se prescrivant, par exception au droit commun (10 ans pour les crimes), par un délais de 30 ans (ce délai ne commençant par ailleurs à courir qu'à la majorité de l'enfant qui serait né du clonage), l'action publique relative aux crimes contre l'humanité étant, quant à elle, imprescriptible. On peut, par ailleurs, voir dans les crimes contre l'espèce humaine le complément de la protection de l'homme initiée par les crimes contre l'humanité, ces derniers protégeant l'homme dans sa dimension métaphysique : le respect de son humanité et de sa dignité, et les crimes contre l'espèce humaine protégeant l'homme dans sa dimension matérielle : sa définition génétique et sa spécificité biologique.
Une équipe internationale de chercheurs a démontré que l'arrivée d'Homo Sapiens sur le Sahul (Australie, Nouvelle Guinée, Tasmanie) avait pris quelque 20 000 générations. Ces hommes sont à l'origine des Aborigènes d'Australie, étant restés quelque 50 000 ans isolés des autres populations. Cette étude a été réalisée en comparant les ADNmt et les chromosome Y de centaines d'Aborigènes et de Malaisiens. Cela réfute formellement la thèse qui postulait qu'Homo Erectus aurait convergé vers un homo sapiens tout comme le développement qui avait lieu en afrique.