Le RMS Titanic est un paquebot transatlantique britannique de la White Star Line, construit sous l'initiative de Joseph Bruce Ismay en 1907. Il a été conçu par l'architecte Thomas Andrews des chantiers navals Harland & Wolff. La construction débute en 1909 à Belfast en Irlande du Nord et se termine en 1912. C'est le plus luxueux et le plus grand paquebot jamais construit au moment de son lancement. Il appartient à la classe Olympic avec ses deux sister-ships, l'Olympic et le Britannic. Le Titanic est pourvu de seize compartiments étanches servant à protéger le navire d'avaries importantes. Les médias lui ont ainsi donné une réputation de navire insubmersible.
Lors de son voyage inaugural de Southampton à New York, il percute un iceberg sur le flanc tribord le 14 avril 1912 à 23 h 40 et coule le 15 avril 1912 à 2 h 20 au large de Terre-Neuve. Entre 1 490 et 1 520 personnes périssent, ce qui fait de cet événement une des plus grandes catastrophes maritimes en temps de paix et la plus grande pour l'époque.
Son épave est localisée le 1er septembre 1985 par le professeur Robert Ballard. Elle git à 3 843 mètres de profondeur à 650 km au sud-est de Terre-Neuve. L'histoire du paquebot a marqué les mémoires, entraînant la rédaction de nombreux ouvrages (historiques ou fictionnels) et la réalisation de films dont Titanic de James Cameron, sorti en 1997, qui a entraîné un regain d'intérêt considérable au sujet du navire.
Durant la fin de l'été 1907, pour concurrencer le Lusitania et le Mauretania, deux rapides paquebots de la Cunard Line, Lord William James Pirrie, associé de la société des chantiers navals Harland & Wolff à Belfast, et Joseph Bruce Ismay, directeur général de la compagnie maritime White Star Line, prennent la décision de construire une série de trois paquebots capables de surpasser en confort, sécurité et élégance ceux des autres compagnies maritimes concurrentes, qu'elles soient britanniques ou allemandes8,9. Leurs noms, Olympic, Titanic et Gigantic (rebaptisé Britannic après le naufrage de son jumeau10) sont choisis par la suite.
Les plans du Titanic et de l'Olympic (la construction du Gigantic doit débuter plus tard) sont dessinés dans les bureaux des chantiers navals Harland & Wolff sur Queen's Island à Belfast, en Irlande du Nord11. À la tête des opérations se trouvent Alexander Montgomery Carlisle, directeur général des chantiers navals et responsable des aménagements, de la décoration et des dispositifs de sauvetage des paquebots et Thomas Andrews, chef du Département Dessin et architecte naval12. Au départ en retraite d'Alexander Montgomery Carlisle, en 1910, Thomas Andrews prend sa place et devient ainsi Directeur Général des chantiers et de la conception.
Le 31 juillet 1908, Joseph Bruce Ismay approuve le projet lors d'un déplacement à Belfast et signe une lettre d'accord avec les chantiers navals12. Dans ce contrat est mentionné le fait que les meilleurs produits doivent être utilisés, et que les constructeurs doivent faire preuve de la plus grande maîtrise professionnelle.
À l'automne 1908, les plans sont achevés et les approvisionnements spéciaux ainsi que les équipements non réalisables par les chantiers Harland & Wolff sont commandés. Lord Pirrie fait agrandir les chantiers navals, notamment par la construction d'un immense portique qui est le plus grand échafaudage du monde à l'époque (256 m de long, 82 m de large et 52,60 m de haut ainsi que des grues de 69,50 m)13. Le 16 décembre 1908, la quille de l'Olympic est posée sur la cale de construction no 2. Elle porte le numéro de chantier 400, la 400e commande reçue par Harland and Wolff14.
Le 22 mars 19099, la quille du Titanic est posée sur la cale no 3, le numéro de chantier étant le 401. Les chantiers avancent très vite et deux ans plus tard, au printemps 1911, la coque du Titanic est achevée, elle est constituée de 2 000 tôles de trois centimètres d'épaisseur maintenues par 3 millions de rivets14,15.
L'Olympic est lancé le 20 octobre 1910 et le Titanic le 31 mai 19119, jour de l'anniversaire de Lord et Lady Pirrie qui assistent à la mise à l'eau du paquebot avec plus de 100 000 personnes : les employés des chantiers et leurs familles, des visiteurs, quelques personnalités et la presse sont présents. Pour aider le Titanic à « glisser » dans l'eau, 20 tonnes de suif, d'huiles de vidange, de graisse de baleine et de savon sont étalés sur 2 cm le long des cales16.
Le Titanic, après avoir réussi son lancement, est stoppé par six ancres retenues elles-mêmes par vingt-trois aussières en acier de 80 tonnes chacune et remorqué à quai par cinq remorqueurs16. Après le lancement, invités, représentants de la presse et personnalités sont conviés à un déjeûner donné au Grand Central Hôtel de Belfast. Au menu, pas moins de six plats et cinq desserts ou mises-en-bouche de cuisine française sont servis. Quant à Joseph Bruce Ismay et John Pierpont MorganNote 1, ils quittent le repas pour se rendre sur l'Olympic qui doit subir ses essais en mer17.
Entre juin 1911 et mars 1912, plus de 3 000 professionnels (mécaniciens, électriciens, plombiers, ébénistes, peintres, décorateurs, ...) équipent le Titanic des dernières techniques navales et l'aménagent avec des éléments décoratifs et un mobilier somptueux. Le 18 septembre 1911, on annonce la date du voyage inaugural du paquebot, le 20 mars 191216.
Mais, le 20 septembre, suite à une collision entre le croiseur de la Royal Navy, Hawke16 et l'Olympic lors de sa cinquième traversée transatlantique, le Titanic doit être déplacé et les 14 000 ouvriers travaillant à sa construction sont affectés aux travaux de réparation de l'Olympic, ce qui retarde considérablement la construction du paquebot. La White Star Line reporte le voyage inaugural au 10 avril. Le 30 novembre, une fois les réparations de la coque de l'Olympic terminées, celui-ci reprend son service et le Titanic rejoint sa cale sèche où son armement se poursuivit. En janvier 1912, on installe les 4 cheminées et le 3 février, les 3 imposantes hélices sont posées sur le navire. Le 24 mars 1912, le Titanic est immatriculé à Liverpool, son port d'attache.
Le 2 avril 1912, 78 chauffeurs et soutiers ainsi que 41 officiers et membres d'équipage se trouvent à bord. À 6 h 00, le Titanic quitte son dock, tiré par quatre remorqueurs appartenant à la Red Funnel Line, sous le commandement d'Edward Smith, précédemment commandant de l'Olympic18. Toute la journée, le Titanic procède à des essais de vitesse et de manoeuvrabilité (arrêts d'urgence, mesures des qualités manoeuvrières à différentes vitesses). Durant ces essais, le Titanic montre qu'il peut stopper sur une distance de seulement trois fois sa longueur14.
À midi, les ingénieurs, les représentants du chantier et les représentants du ministère du commerce britannique inaugurent, en y déjeûnant, la salle à manger de 1re classe. Après d'autres essais, le Titanic rentre à Belfast vers 18 h 00. Le nouveau paquebot ayant rempli toutes les exigences du gouvernement britannique, Francis Carruthers signe le certificat de navigabilité no 131428, valable pour une durée d'un an19. Vers 20 h 00, le paquebot vire de bord et met le cap sur Southampton où il est attendu dans la nuit du 3 au 4 avril.
Après avoir parcouru les 570 milles qui l'en séparent, le Titanic arrive, peu avant minuit, au port de Southampton où six remorqueurs de la Red Funnel Line l'attendent. Le navire accoste le quai no 44. Durant l'escale les cheminées sont repeintes ainsi que le flanc bâbord de la coque. Une fois achevé, le Titanic a coûté 1,5 million de livres soit 7,5 millions de dollars américains à l'époque (150 millions aujourd'hui)14.
Le 10 avril 1912, à 12 h 15, le Titanic appareille de Southampton en Angleterre avec à son bord 953 passagers dont 31 trans-Manche et 886 membres d'équipage. Lors de son départ, il manque de peu de heurter le paquebot New York amarré à un quai20. Les remous causés par les hélices du Titanic font rompre les amarres du New York, et ce dernier se rapproche rapidement du Titanic jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que 2 mètres qui les séparent20. Le commandant Edward Smith donne alors l'ordre de mettre les machines en arrière toute, ce qui a pour effet de repousser le New York20. Le Titanic quitte enfin Southampton avec une heure de retard. À 18 h 35, arrivé à Cherbourg en Normandie, 24 passagers trans-Manche débarquent et 274 embarquent, principalement des 1re classe. Cependant le Titanic ne peut pas atteindre le port, car celui ci n'est pas assez profond pour la taille du paquebot21. Ce sont donc deux navettes de la White Star Line, le Nomadic et le Traffic, qui se chargent de transborder les 274 passagers qui embarquent sur le Titanic21. À 20 h 10, le paquebot appareille de Cherbourg pour Queenstown (aujourd'hui Cobh) en Irlande22.
Le 11 avril 1912, à 11 h 30, le Titanic arrive à Queenstown où débarquent sept passagers inter-ports et 120 passagers embarquent. Les passagers qui embarquent à ce moment là sont en grande majorité des passagers de 3e classes immigrant vers les États-Unis. À 13 h 30, le RMS Titanic quitte Queenstown pour New York avec à son bord 1 316 passagers et 885 membres d'équipage. Le capitaine Edward Smith envisageait de prendre sa retraite après cette traversée ; il ne devait donc assurer le commandement du Titanic que pour cette unique fois23.
Le 12 avril 1912, à 19 h 45, le Titanic reçoit un message de La Touraine lui signalant un brouillard dense, une couche de glace épaisse, des icebergs et un navire abandonné sur plusieurs points de l'Atlantique Nord. Ce message a été immédiatement remis au commandant Edward Smith.
Dans la journée du 13 avril 1912, le Titanic reçoit plusieurs messages lui signalant des icebergs, des growlers (petits icebergs de 1 mètre par 5) et quelques champs de glace. Dans l'après-midi, un incendie est éteint dans la salle des chaudières no 5. Il faisait rage depuis plusieurs jours (peut-être depuis le 2 avril) et avait été décelé le jour du départ. Il ne s'agissait pas d'un fait inhabituel sur les navires de l'époque mais celui-ci était d'une rare intensité et une douzaines d'hommes ont été nécessaires pour le maîtriser24. À 22 h 30, le paquebot reçoit un avis du Rappahannock lui signalant un épais champ de glace et plusieurs icebergs, la réception de ce message fut effectuée par un officier.
Le 14 avril 1912, alors que le Titanic a déjà parcouru 1 451 milles (2 335 kilomètres), le Caronia signale, vers 9 h 00, des glaces à 42°N, 49°O jusqu'à 51°O25. En début d'après-midi, d'autres navires, dont le Baltic dela White Star signalent des glaces à peu près au même endroit. Dans la soirée, le Californian, envoie le même message. À 19 h 30, le paquebot reçoit trois nouveaux messages du Californian lui signalant de grands icebergs. À 22 h 00, la température extérieure devient nulle ainsi que celle de l'eau une demi-heure plus tard. À 22 h 55, le Californian, alors pris dans la glace à 20 milles au nord du Titanic, envoie un message à tous les navires alentour, parmi lesquels le Titanic.
À 23 h 40, par 41°46' N et 50°14' O26, alors que le Titanic avance à 22,5 noeuds (41,7 km/h)27, le veilleur Frederick Fleet aperçoit un iceberg droit devant et le sigale à la passerelle. Le 1er officier William Murdoch, alors de quart, essaie de faire virer le navire vers bâbord et fait stopper les machines pour faire marche arrière. Quelque 37 secondes plus tard, le navire vire mais l'iceberg le heurte par tribord et le choc fait tomber les rivets ouvrant ainsi une voie d'eau dans la coque sous la ligne de flottaison28. Les portes étanches sont alors immédiatement fermées par Murdoch afin d'éviter une voie d'eau plus importante. Mais l'eau commence à envahir les cinq premiers compartiments du bateau. Or, le Titanic ne peut flotter qu'avec au maximum quatre de ses compartiments remplis d'eau. À 23 h 50, le niveau de la mer est déjà monté de 4 mètres à la proue, les cinq premiers compartiments étanches commencent à être inondés ainsi que la chaufferie no 5.
À 0 h 05, le commandant fait enlever les tauds des embarcations et rappeler l'équipage. À 0 h 15, le premier appel de détresse est envoyé en signal CQD29. À 0 h 25, l'ordre est donné de faire monter les femmes et les enfants en premier dans les canots de sauvetage30. À 0 h 45, le canot no 7 est affalé avec seulement 28 passagers contre 65 possibles31 et le signal CQD est transformé en SOS. Les officiers s'occupent de faire monter les femmes et les enfants en priorité dans les canots, et les premières et secondes classes, étant plus près des canots, y ont plus facilement accès. Mais la capacité des canots de sauvetage du Titanic n'est que de 1 178 personnes au total23 et il y a environ 2 200 personnes à secourir sur le paquebot. À intervalles réguliers, jusqu'à 1 h 40, des fusées de détresse sont envoyées. Il en est de même pour les SOS qui sont envoyés jusqu'à 2 h 17.
À 2 h 17 l'orchestre s'arrête de jouer juste avant la chute de la cheminée avant. Peu après, la grande verrière se brise en entraînant la destruction du Grand Escalier et donnant accès à l'eau à toutes les pièces de l'avant. À 2 h 18, les lumières du Titanic clignotent une dernière fois puis s'éteignent. Un instant plus tard, le paquebot se brise en deux. Alors que la partie avant coule, la partie arrière flotte pendant quelques instants et se remplit d'eau lentement jusqu'à ce qu'elle sombre à 2 h 2032{{}}33,34. La température de l'eau est alors de -3°C35.
Beaucoup plus tard, à 3 h 30, les passagers des canots aperçoivent les feux du Carpathia. 40 minutes plus tard, le premier canot, le no 2, est récupéré par le navire d'assistance. À 5 h 30, le Californian prévenu par le Frankfürt arrive sur les lieux du désastre. Le dernier canot, est récupéré à 8 h 30, le second officier Charles Lightoller est le dernier à monter à bord. Le Carpathia met ensuite le cap sur New York à 8 h 50.
Le lendemain du naufrage, le roi du Royaume-Uni, George V, adresse ses condoléances aux familles des victimes par un télégramme envoyé à Ismay. George V envoie à son tour un télégramme au président américain William Howard Taft. Armand Fallières, président français, envoie un télégramme à George V pour exprimer lui aussi ses condoléances.
Le 18 avril 1912, à 21 h 30, le RMS Carpathia débarque à New York sous une pluie battante, les rescapés de 3e classe débarquent en dernier vers 23 h 00. Certains sont accueillis par leur famille, d'autres sont hébergés par des hôtels le temps de retrouver leurs proches ou de regagner le Royaume-Uni aux frais de la White Star Line. Certains rescapés de 1re classe rentrent à leur domicile par train privé.
Le naufrage du Titanic fait environ 1 500 morts, les chiffres variant entre 1 491 et 1 51336,37,23 naufragés. Il y a donc environ 700 rescapés23,28. Les membres d'équipages sont les plus touchés puisque 76 % d'entre eux sont morts. Également 75 % des troisième classe ont trouvé la mort38. D'une façon plus générale, la principale différence se situe entre les hommes et les femmes. Seul 25 % des femmes sont mortes dans le naufrage contre 82 % des passagers masculins. Cependant, plus de la moitié des rescapés sont des hommes. Les enfants sont davantage victimes que les femmes, 53 des 109 enfants à bord ayant péri38.
Le naufrage du Titanic a de nombreuses causes, tant naturelles qu'humaines. Son bilan, qui est l'un des plus lourds de l'histoire maritime, s'explique également par plusieurs facteurs.
Les circonstances du naufrage sont en effet particulières. Il est en effet rare de trouve des icebergs dans cette région de l'Atlantique au mois d'avril, mais la présence de nombreuses glaces cette année là s'explique par un hiver particulièrement doux39. Ceci explique que le Titanic, qui navigue pourtant plus au sud que la route conseillée40, se soit dirigé droit vers un champ de glaces. De plus, la nuit est sombre, sans Lune et sans vent, ce qui rend plus difficile le repérage des icebergs41. Ceci est aggravé par l'absence de jumelles dans le nid-de-pie, suite à une négligance des officiers : selon Frederick Fleet, le veilleur qui a appreçu l'iceberg, des jumelles auraient permis de le voir à temps42.
De plus, les compartiments étanches ne montent pas assez haut pour empêcher la progression de l'eau, et l'acier composant certaines parties de la coque est très cassant43. La vitesse du navire au moment du choc était également trop élevée pour les circonstances (bien qu'en accord avec les règles de l'époque)44. Malgré une tentative de la part de la commission américaine, aucune preuve n'a pu être fournie sur le fait qu'Ismay ait poussé le commandant à aller plus vite45.
Enfin, le nombre élevé de morts s'explique par le faible nombre de canots de sauvetage du navire, qui ne peuvent contenir que 1 178 personnes46, mais aussi par le manque d'organisation dans leur chargement. Certains canots, comme le no 147, partent complètement vides et refusent de revenir sur les lieux du naufrge. Ceci explique que les canots soient, au final, remplis au trois quarts.
Lors de la première conférence sur la sécurité en mer à Londres, le 12 novembre 1913, les mesures suivantes sont prises :
Le désastre est un choc pour la communauté internationale car il prouve à tous les peuples que l'homme et ses réussites technologiques peuvent être dépassés par les puissances de la nature. Il met également la lumière sur les insuffisances techniques de l'époque : les examens modernes montrent en effet que l'acier de la coque et encore davantage les rivets autres que sur la partie centrale de la coque, continent trop de soufre mais pas assez de manganèse, ce qui le rend trop cassant. L'attitude désinvolte et insouciante de ceux qui décident de la route et de la vitesse, basée sur leur confiance exagérée dans l'« insubmersibilité » du bateau, contribue fortement à la perte du navire. Cependant, la plupart des marins expérimentés de l'époque considèrent que, par temps clair, il est plus sûr de naviguer vite48.
Une légende affirme que le gouvernail était trop petit et qu'un plus grand aurait pu sauver le paquebot. Bien qu'un gouvernail plus important eût peut-être aidé à éviter la catastrophe, celui du Titanic n'était pas trop petit au regard de la législation pour un navire de cette envergure. En fait, les dimensions du gouvernail pour un bateau de la taille du Titanic seraient toujours conformes aux normes navales en vigueur actuellement. Si le paquebot avait amorcé son virage cinq secondes plus tôt ou plus tard quand l'iceberg fut détecté, il n'aurait probablement pas sombré. De plus, une autre légende affirme que le Titanic est le seul navire de son époque à être déficient au regard du nombre de canots de sauvetage. En réalité, non seulement le navire est en conformité avec la réglementation britannique concernant le nombre de canots à bord, mais il va même au-delà de cette réglementation. Le nombre minimum de canots de sauvetages est basé, non sur le nombre de passagers mais sur le tonnage du navire ; le Titanic aurait pu se contenter de seize canots de sauvetage, or il en possède vingt. Tous les autres paquebots de l'époque offrent également un nombre de canots de sauvetage très insuffisant, mais l'objectif n'est pas de pouvoir contenir l'ensemble des passagers en cas de naufrage mais simplement d'assurer le transit vers un autre bateau dans le cadre d'une opération de sauvetage. La catastrophe du Titanic change définitivement cet état d'esprit. Néanmoins, même si le nombre de canots avait été suffisant pour embarquer tous les passagers, cela n'aurait probablement pas permis de sauver beaucoup de vies. En effet, durant le naufrage, qui est pourtant assez lent, l'équipage a juste le temps de mettre à l'eau tous les canots dont il dispose.
Le Titanic est long de 269 mètres, large de 28 mètres et haut de 53 mètres, de la quille aux cheminées. Son tonnage brut est d'environ 46 000 tjb, soit 1 000 de plus que l'Olympic49. Il nécessite environ 885 membres d'équipage, et peut transporter 2 371 passagers répartis en trois classes50. Le paquebot transporte également du courrier. C'est pour cette raison qu'il porte parfois le sigle RMSNote 2,51.
Les dix ponts du Titanic permettent de l'élever au rang de plus grand paquebot jamais construit à son époque52,53. Sept de ses ponts (les ponts abritant des cabines destinées aux passagers) sont désignés par des lettres, de A à G (A étant en haut et G en bas). Au dessus du pont A se trouve le pont des embarcations (ou pont supérieur). Le pont des ballast sert de base au navire, ainsi qu'aux salles des chaudières et des machines qui s'étendent jusqu'aux ponts Orlop et G. Ces deux ponts comprennent également les cales et les réserves d'eau et de nourriture du navire54.
Le Titanic, comme ses sister-ships de classe Olympic, est propulsé par une combinaison de deux types de machines. On trouve dans les profondeurs du paquebot 29 chaudières regroupées dans six salles55, qui alimentent en vapeur les machines alternatives à triple expansion situées dans la salle des machines (à l'arrière des salles des chaudières), puis la turbine de la salle suivante. Les premières actionnent les deux hélices latérales à trois pales du paquebot, tandis que la turbine fait tourner l'hélice centrale à quatre pales. L'énergie électrique nécessaire au fonctionnement des différents équipements du navire est fournie par quatre dynamos de 400 kW56. La vapeur est ensuite évacuée par les trois cheminées avant. La quatrième, factice, sert quant à elle à améliorer l'esthétique du paquebot et à évacuer la vapeur des cuisines57,Note 3.
La passerelle de navigation du Titanic se trouve sur le pont supérieur, à environ 60 mètres de la proue. Elle s'étend sur toute la largeur du navire, et comprend deux timoneries (une fermée et une seulement couverte), deux ailerons de manoeuvre, une salle de navigation et la salle des cartes. En arrière de la passerelle se trouvent les quartiers des officiers qui bénéficient de logements proportionnels à leur rang : le commandant Edward Smith bénéficie pour sa part d'une suite avec salon et salle de bains58. À l'arrière de la première cheminée se trouve une salle de radiotélégraphie sans fil dont la veille est assurée par deux opérateurs radio (Jack Phillips et Harold Bride lors de l'unique traversée du paquebot) dont les quartiers sont attenants59. Les quartiers des chauffeurs et soutiers se trouvent quant à eux dans la proue du navire, et ceux-ci accèdent à leur lieu de travail par un tunnel60.
La veille est assurée depuis le nid-de-pie situé sur le mât avant, et le navire dispose également d'une passerelle d'accostage sur le pont de poupe61. Une ligne téléphonique permet de communiquer entre le nid-de-pie, la timonerie, la plage arrière, la salle des machines et le compartiment arrière, améliorant la rapidité des manoeuvres du navire. Une autre ligne permet à certains passagers de première classe de communiquer avec différents services, notamment les offices62.
La coque du Titanic est divisée en seize compartiments étanches63. La fermeture des douze portes étanches, situées aux endroits ou un passage est nécessaire à la bonne marche du navire, peut se faire par le biais d'un interrupteur situé sur la passerelle64. Elle peut également se faire automatiquement en cas de voie d'eau. Cependant, si les compartiments avant et arrière montent jusqu'aux ponts D à B, les compartiments centraux ne dépassent pas le pont E. Ainsi, il est considéré que si deux compartiments adjacents sont inondés, le navire peut rester à flot. Cette limite va jusqu'à quatre comprtiments si ce sont les compartiments avant du navireNote 4,65.
Le navire est également équipé d'un double-fondNote 5 De plus, huit pompes capables d'évacuer 400 tonnes d'eau par heure se trouvent à bord66. Tout ceci entraîne des rumeurs d'une prétendue « insubmersibilité » du navire que la compagnie ne dément pas67.. Cependant, de telles rumeurs sont loin de ne concerner que le Titanic : la compagnie avait déjà qualifié le Cedric, neuf ans plus tôt, de « pratiquement insubmersible »68. La rumeur veut également qu'au moment de son lancement, un employé ait déclaré : « Dieu lui-même ne pourrait pas couler ce paquebot »69.
Le Titanic est également équipé de 20 canots de sauvetage : 16 canots d'une capacité de 65 personnes, deux canots « de secours » pour 47 personnesNote 6 et quatre radeaux pliables de type Engelhardt ayant également une capacité de 47 personnes. Les vingt canots peuvent ainsi contenir un total de 1 178 personnes, soit un tiers de la capacité du navire46. Ce faible nombre est toutefois supérieur à ce que demandent les lois de l'époque. L'idée de mettre des canots supplémentaires a été envisagée par Alexander Carlisle, l'un des concepteurs du navire, mais Ismay rejetta l'idée, pour ne pas encombrer le pont supérieur, et ne pas affaiblir l'image de fiabilité de la compagnieNote 7. Cependant, pour éviter un coût supplémentaire lors d'un éventuel changement de règlementation, Carlisle réussit à convaincre Ismay d'installer des bossoirs de type Wellin capables de faire descendre successivement plusieurs canots70. Lors du naufrage, le 15 avril 1912, les canots de sauvetage n'embarquent que 711 des 2 200 personnes qui se trouvent à bord. Par la suite, les lois sont modifiées pour obliger toutes les compagnies maritimes à avoir des canots de sauvetage en nombre suffisant.
Le Titanic présente un luxe et un confort inégalés pour l'époque. Les installations de première classe s'étendent du pont des embarcations au pont E, et comprennent gymnase, fumoir, Restaurant à la Carte, Café véranda, piscine, bains turcs et salon de lecture et de correspondance, ainsi qu'une promenade couverte. Certaines cabines sont équipées de salles de bains, et deux d'entre elles disposent même d'une promenade privéeNote 8,71. Toutes ces cabines et installations sont reliées par deux somptueux escaliers, celui situé à l'avant étant associé à trois ascenceurs deservant les ponts A à E. La vaste salle à manger de première classe se situe sur le pont D.
Les passagers de deuxième classe ne sont pas en reste et bénéficient de cabines souvent équivalentes à la première classe d'autres navires, à l'arrière des ponts D à G. Un escalier et un ascenceur desservent la totalité de la hauteur du navire, leur donnant accès u pont des embarcations, à leur fumoir (pont B), leur bibliothèque (pont C), et leur salle à manger (pont D). Ils diposent également d'une promenade couverte.
La troisième classe offre également un bon niveau en comparaison des autres navires, avec des cabines proposant de 4 à 8 couchettes, et de petits dortoirs pour les hommes célibataires, à l'avant. Les femmes seules voyagent quant à elles à l'arrière, et les familles sont regroupées au centre. La salle à manger de troisième classe se trouve au pont F et dispose de sa propre cuisine (les deux autres classes partagent la leur), et les passagers disposent de deux espaces communs et d'un fumoir, ainsi que du pont de poupe.
Sur les 1 316 passagers, 325 font partie de la première classe, 285 de la seconde et la dernière accueille 706 personnes, 922 passagers embarquent à Southampton ( Angleterre), 274 à Cherbourg ( France) et 120 à Queenstown ( Irlande).
Les huit musiciens de l'orchestre (tous morts dans le naufrage) ne font pas partie de l'équipage mais sont comptés comme passagers de seconde classe72.
Le Titanic a à son bord un nombre important de personalités. Ainsi voyagent à bord Joseph Bruce Ismay (président de l'international Mercantile Marine Company et de la White Star Line)73,74 et Thomas Andrews (concepteur du navire)75,76, tous deux dans le but d'apprécier les qualités et défauts du navire. Plusieurs grands noms américains de la finance voyagent à bord : John Jacob Astor, l'homme le plus riche à bord (colonel, écrivain, inventeur, propriétaire d'hôtels)77,78, Benjamin Guggenheim, le « Roi du Cuivre »79,80, Charles Hays, président d'une compagnie de chemin de fer canadienne81,82, George Widener (héritier de la plus grande fortune de Philadelphie)83, Isidor Straus, propriétaie du grand magasin Macy's de New York84,85, John Tayer, vice président d'une chemin de fer de Pennsylvanie86,87, Henry Birkhardt Harris, producteur de théâtre88, Charlotte Cardeza, riche épouse d'un procureur89,90 et Margaret Brown, militante des droits de la femme et épouse (séparée) d'un propriétaire de minesNote 9,91,92.
Des aristocrates britanniques sont éaglement du voyage, comme Sir Cosmo Duff Gordon93,94 et son épouse, Lucy, créatrice de mode95, ainsi que la comtesse de Rothes96,97. Des militaires de carrière sont égalements présents, comme les américains Archibald Gracie (colonel et historien de la Guerre de Sécession)98,99, Archibald Butt (major, aide de camp des présidents Roosevelt et Taft)100,101, ainsi que le suédois Mauritz Hakån Björnström-Steffansson102.
Des artistes et hommes de lettres sont également à bord, comme Jacques Futrelle, auteur de nouvelles policières103,104, Dorothy Gibson, actrice de cinéma muet105,106, Francis David Millet, peintre107 et Helen Churchill Candee, écrivain108, tous américains, ainsi que Paul-Romain Marie Léonce Chevré sculpteur français109. Le prêtre irlandais Francis Browne passe également une nuit à bord avant de débarquer à Queenstown. Devenu par la suite un photographe de renom, les clichés qu'il a pris du navire sont une véritable source d'information sur les aménagements du Titanic110. Enfin, des sportifs particpent également au voyage : les américains Richard Norris Williams111 et Karl Howell Behr112. Le journaliste William Thomas Stead se trouve également à bord113,114.
Parmi les 885 personnes constituant l'équipage du Titanic, 66 appartiennent à l'équipage de pont (officiers, matelot, veilleurs, quartier-maîtres)115, 325 sont des mécaniciens (soutiers, chauffeurs, graisseurs, mécaniciens)116, et 471 hommes et 23 femmes font parte du personnel hôtelier du navire (commissaires, stewards, opérateurs radio etc.)117,118.
Le Titanic est commandé par Edward John Smith, 62 ans119. Smith est le capitaine qui, de par sa popularité, est affecté aux traversées inaugurales des grands navires de la White Star Line depuis 1904120. Son commandant en second, Henry Tingle Wilde, a été muté à bord à la veille du départ, entraînant un décalage dans la hiérarchie de l'état major du navire121. William McMaster Murdoch, à l'origine commandant en second, devient de fait le premier officier du navire122. De fait, Charles Herbert Lightoller, à l'origine premier officier, devient dexième officier à la place de David Blair qui quitte le navire123.
Le reste de la hiérarchie reste inchangé. Herbert John Pitman occupe le poste de troisième officier officier124, Joseph Grove Boxhall celui de quatrième officier125. Harold Godfrey Lowe occupe quant à lui le poste de cinquième officier126. Enfin, James Paul Moody est le sixième officier du Titanic127.
Parmi eux, seuls Lightoller, Pitman, Boxhall et Lowe survivent au naufrage, et participent par la suite aux différentes commissions d'enquête.
D'autres membres d'équipage ont joué un rôle important durant le naufrage. Ainsi, Frederick Fleet128 et Reginald Robinson Lee129 sont les deux veilleurs (sur les six qui se relaient à bord) qui ont aperçu l'iceberg. John George Phillips130et Harold Sydney Bride131. Les six veilleurs du navire ont survécu, de même que Bride. Phillips a quant à lui disparu dans le naufrage.
De nombreux projets d'expéditions pour retrouver le navire englouti ont vu le jour sans connaître le succès.
L'épave est finalement localisée le 1er septembre 1985132 à 1 h 05 par une expédition franco-américaine dirigée par Jean-Louis Michel de l'IFREMER et le Dr Robert D. Ballard132 de la Woods Hole Oceanographic Institution. Elle est localisée à une profondeur de 3 821 m133, à 41°43'55"N 49°56'45"O , à 650 km au sud-est de Terre-Neuve28. Le navire est brisé en deux énormes morceaux qui reposent sur le fond à quelques centaines de mètres l'un de l'autre, séparés par un champ de débris. Des scientifiques affirment que l'énorme pression de l'eau dans les compartiments avant a commencé à casser le bateau en bas vers le milieu, la section avant se remplissant d'eau et coulant en premier, l'arrière flottant encore avant de couler un peu plus tard. La partie arrière du bateau (30 000 tonnes), qui n'avait pas été conçue pour supporter un tel poids, a cassé net (au milieu du bateau se trouvaient les pompes du réducteur-inverseur, qui étaient énormes).
Le Dr Ballard et son équipe n'ont enlevé aucun objet du site, considérant que cela équivalait à un pillage de tombes. Pour la loi maritime internationale cependant, la récupération des objets est nécessaire pour établir les droits de sauvegarde pour une épave. Dans les années suivant la découverte, le Titanic est l'objet de nombreux arrêts juridiques concernant la propriété des objets et le site du naufrage lui-même. Beaucoup d'objets ont été sauvés et sont visibles actuellement de façon permanente dans le musée maritime de Greenwich au Royaume-Uni.
Les scientifiques affirment que les nombreuses plongées depuis la redécouverte du bateau en 1985 ont accéléré la dégradation de l'épave. La National Oceanic and Atmospheric Administration estime que « la coque et la structure du navire pourraient s'effondrer dans les cinquante prochaines années ».
Une polémique a lieu entre les découvreurs français et américain. En effet, selon Paul-Henri Nargeolet, ancien responsable des moyens d'intervention de l'Ifremer et pilote du Nautile, l'épave aurait été détectée en 1977, durant la Guerre froide, par un navire hydrographique de la Royal Navy et figurait depuis sur les cartes secrètes de la marine britannique que connaissait Robert Ballard. Finalement, après la déclassification de certains dossiers militaires américains, Robert Ballard révéla que le Titanic a été découvert suite à la recherche de deux sous-marins américains perdus durant la guerre froide.
La découverte et l'étude scientifique de l'épave permettent de mieux comprendre les circonstances exactes du naufrage, tout d'abord en donnant raison aux quelques témoins qui ont affirmé avoir vu le navire se casser en deux juste avant le plongeon final. Plus récemment, en 1996, un sonar ultra-puissant a permis de voir les dégâts causés par l'iceberg dans la coque à l'avant du navire, à travers les sédiments du plancher océanique dans lesquels celle-ci est profondément enfoncée, d'au moins 20 mètres. Contrairement à ce que l'on croyait jusqu'alors, ce n'est pas une brèche de 100 mètres de long mais six petites entailles à peine plus épaisses qu'un bras humain, réparties approximativement le long du premier tiers avant du navire, qui ont causé sa perte. Une étude plus récente menée par deux chercheurs américains43 s'appuyant sur des analyses scientifiques de pièces extraites de l'épave et sur l'examen des archives des chantiers navals Harland & Wolff conservées à Belfast, met en cause la qualité des rivets utilisés pour fixer les plaques d'acier de la coque à l'avant du navire. En effet, ceux-ci sont en fer et non en acier comme dans la partie centrale, en raison de l'impossibilité des fournisseurs à suivre les rythmes et les quantités imposés par le constructeur. La moindre résistance de ces rivets en fer explique que de nombreuses tôles se soient disjointes au contact de l'iceberg. Les auteurs de l'étude supposent que des rivets en acier, plus résistants, auraient peut-être, sinon sauvé le navire, du moins accordé un délai suffisant pour permettre aux secours d'arriver à temps.
Au final, le naufrage résulte de l'enchaînement d'une série d'erreurs dont aucune n'est grave en soi, mais qui, ensemble, expliquent la catastrophe : défauts de construction minimes en apparence (rivets en fer, surface réduite du gouvernail, cloisons étanches pas assez hautes) absence de précautions préventives (canots en nombre insuffisant, vitesse excessive en dépit des icebergs) négligence (jumelles des veilleurs égarées), tous détails contrastant fortement avec la campagne de promotion du voyage inaugural qui laissait supposer que rien n'avait été laissé au hasard.
Il existe un certain nombre de légendes à propos du Titanic. Certaines ne relèvent probablement que de l'invention ou de la « folie », mais d'autres sont des coïncidences troublantes qui ont prêté à polémique134.
Quatorze ans avant le naufrage, l'écrivain Morgan Robertson écrit Le Naufrage du Titan, une nouvelle parue dans un ouvrage intitulé Futilité. Après le naufrage du Titanic, ce livre regagne en réputation, apparaissant comme étonnamment prémonitoire et est réédité la même année135. Il existe en effet de grandes similitudes entre l'histoire du livre et la réalité : le navire, nommé Titan, est le plus imposant au monde, est présenté comme insubmersible grâce à ses 19 compartiments étanches. De fait, il ne dispose que du nombre minimum de canots de sauvetage requis par la loi136. Il heurte un iceberg, coule et la majorité des passagers sont victimes du naufrage.
Le journaliste britannique William Thomas Stead a mené, durant sa carrière, de nombreux combats par le biais d'articles et de nouvelles. L'un d'entre eux concerne le manque de moyens de sauvetage à bord des paquebots. Il publie une première nouvelle en 1886 intitulée Comment le Paquebot Poste sombra au milieu de l'Atlantique, par un Survivant, racontant une collision entre deux navires dont les passagers ne sont pas tous sauvés, faute de moyens de sauvetage. Stead conclut : « C'est exactement ce qui se produira si les paquebots sont lancés avec trop peu de canots »137. Six ans plus tard, il publie De l'Ancien Monde au Nouveau, nouvelle dans laquelle il raconte un voyage fictif qu'il aurait fait à bord du paquebot (bien réel) Majestic de la White Star Line sous le commandement d'Edward Smith. Au cours de la traversée, le navire s'arrête pour repêcher les naufragés d'un paquebot ayant heurté un iceberg. Stead conclut cette fois-ci en disant que « les océans parcourus par de rapides paquebots sont jonchés des os blanchis de ceux qui ont embarqué comme nous et qui ne sont jamais arrivés à bon port »137. Le 15 avril 1912, Stead se trouve à bord du Titanic, commandé par Edward Smith, et meurt dans le naufrageNote 10.
Lors de son départ de Southampton, le Titanic manque d'entrer en collision avec le New York. Cet événement a entraîné, comme le raconte Lawrence Beesley (passager de seconde classe ayant par la suite raconté son histoire dans un ouvrage), des rumeurs et superstitions parmi les passagers et certains membres d'équipage. Celles-ci sont amplifiées lors de l'escale de Queenstown par l'apparition d'un soutier couvert de suie en haut de la quatrième cheminée. Beesley raconte même avoir rencontré une américaine qui lui a expliqué que le naufrage était dû au fait d'avoir vu le soutier en question. Cependant, il écrit lui même que ce ne sont que des « superstitions malsaines »138.
Une légende affirme que John Jacob Astor IV aurait ramené de son voyage de noces en Égypte une momie à bord du Titanic, déclenchant ainsi la colère des dieux139. Une variante de la légende veut qu'une momie maudite ait été, après avoir été cachée dans un grenier pendant un certain temps, revendue à un riche américain qui l'aurait embarquée sur le Titanic, entraînant sa perte. Cependant, lors de la redécouverte de l'épave, aucune trace de momie n'a été retrouvée à bord, et aucune momie n'est mentionnée dans le manifeste du navire140.
Le 13 avril 1935, un cargo britannique, transportant du charbon de Newcastle à Halifax, se trouve en pleine nuit près de la zone où le Titanic a sombré. Un des veilleurs, William Reeves raconte en 1967 avoir été saisi soudainement d'une angoisse, comme alerté par un sixième sens. Il n'aurait pu s'empêcher de crier « Obstacle droit devant ! » Un iceberg aurait jailli alors de l'obscurité, et le cargo se serait arrêté devant lui avant d'être bloqué par les glaces. Selon Reeves, le navire se trouve alors à la position exacte du naufrage du Titanic. En réalité, ce cargo qui par coïncidence s'appelait le Titanian était assez éloigné de la position du naufrage, et les rapports font état de dégâts lors d'une collision avec la glace141.
La même année, le Titan de la Blue Funnel Line entre en collision avec un ponton flottant dans le port de Hambourg141.
L'histoire du Titanic a été illustrée dans un très grand nombre de films et de téléfilms. Le premier est Saved from the Titanic, un film américain d'Étienne Arnaud mettant en scène Dorothy Gibson, rescapée du naufrage. Sorti en 1912, il n'en reste aucune trace suite à l'incendie des studios où il était entreposé, en 1914142. La même année sort In Nacht und Eis, un film muet allemand de Mime Misu143 qui présente cependant une histoire assez éloignée de la réalitéNote 11. 1915 voit également la production de Titanic, un film muet italien de Pier Angelo Mazzolotti avec Mario Bonnard, Giovanni Casaleggio et Luigi Duse144.
En 1943, Joseph Goebbels demande le tournage de Titanic, une superproduction destinée à la propagande nazie, réalisée par Werner Klingler et Herbert Selpin avec Sybille Schmitz et Hans Nielsen145. Le film, tourné sur le Cap Arcona (un paquebot allemand dont le naufrage entraîne 5 000 morts en 1945), est marqué par l'emprisonnement et la mort de son pemier réalisateur, herbert Selpin. Il ne sort finalement pas en Allemagne, Goebbels craignant de démoraliser la population qui subit de nombreux bombardements britanniques.
En 1953 sort Titanic, un film américain de Jean Negulesco avec Barbara Stanwyck et Robert Wagner146. 1958 voit l'arrivée sur les écrans du film Atlantique, latitude 41° (A Night to Remember), film britannique de Roy Ward Baker avec Kenneth More et Ronald Allen147. Adapté du livre de l'historien Walter Lord, il a été réalisé avec l'aide de certains acteurs du drame, dont le quatrième officier Joseph Boxhall, ce qui en fait un des films les plus proches de la réalité.
En 1979 sort S.O.S. Titanic, téléfilm américano-britannique de William Hale avec David Janssen, Cloris Leachman et Susan Saint James148. Le film est très inspiré de l'ouvrage deLawrence Beesley The Loss of S.S. Titanic, et celui-ci est interprété par David Warner qui joue également dans le film Titanic de 1997. L'année suivante sort La Guerre des abîmes (Raise the Titanic), film américain de Jerry Jameson adapté du roman de Clive Cussler, avec Jason Robards et Richard Jordan149.
En 1996, Le Titanic, un téléfilm américain de Robert Lieberman avec George C. Scott, Peter Gallagher et Catherine Zeta Jones est produit150. Mais le plus célèbre des films concernant le Titanic est le film de James Cameron, Titanic, sorti en 1997. Mettant en scène Leonardo DiCaprio, Kate Winslet et Billy Zane le film remporte 11 Oscars et 1 845 034 188 $ de box office mondial151. Ce film ravive l'intérêt pour le Titanic, entraînant la parution (et parfois la réédition) de nombreux ouvrages, ainsi que des expositions, et la création e nombreux sites internet152. Cameron produit également, en 2007, le documentaire Les fantômes du Titanic concernant l'épave du navire.
En 2003 est également sorti un film d'animation italien, À la recherche du Titanic, par Orlando Corradi.
Le naufrage du Titanic a également inspiré de nombreux romans s'inspirant plus ou moins fortement de son histoire.
Le Titanic a également réussi à s'imposer sur d'autres supports que le papier et les écrans. Ainsi, une comédie musicale a tenu l'affiche entre 1998 et 2000. Des jeux vidéo ont également été bâtis sur et autour de ce sujet, comme Titanic : une aventure hors du temps qui offre une reproduction fidèle du navire.
L'histoire du Titanic a également inspiré une oeuvre au compositeur britannique Gavin Bryars, The Sinking of the Titanic (1969). Elle reprend notamment l'hymne Autumn qui a peut-être été joué par les musiciens au moment du naufrage. Une pièce de théâtre de Jean-Pierre Ronfard, Titanic, raconte l'histoire de personnages existant comme Hitler ou Charlie Chaplin n'ayant jamais été sur le paquebot. Titanic est enfin le nom d'un poème de Benjamin Fondane, dans le recueil Le Mal des Fantômes.