Codage des traces écrites :
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En cette soirée de printemps, Pauline, femme de 76 ans, restait bien au chaud chez elle. Elle habitait dans cette maison depuis longtemps. C'était une vieille demeure mitoyenne qu'elle avait acheté avec son feu époux il y'a de cela 32 ans. Aujourd'hui, elle vivait avec son fils, Rémi, chômeur divorcé qui, une semaine sur deux, récupérait ses 2 fils. Mais ces derniers n'étaient pas là pour l'instant. Aussi, la maison était calme. À côté vivait une famille recomposée : deux pères, trois enfants et un chat. Pauline ne les aimait pas. Elle tirait la tronche dès que l'un d'eux osait la saluer. Une fois, les sales gosses avaient jeté un ballon dans son parterre de fleurs. Les pétunias n'avaient pas apprécié, et Pauline, encore plus froissée qu'elles, avait crevé le ballon avec un pic à glace qu'elle gardait pour ce genre d'occasion. La pauvre était en effet trop sensible des dents pour pouvoir rafraichir ses boissons d'un copeau de glace ou deux. Rémi était ce soir dans le salon en train de regarder la télévision. Il avait zappé pendant trente minutes avant de s'arrêter avec désespoir sur un reportage détaillant la vie passionnante des lamentins. Hormis la voix off sur fond musical aquatique, la pièce était terriblement calme. C'est alors que Pauline, claudiquant pour rejoindre son fauteuil, fit glisser maladroitement une statuette art déco posée sur un guéridon. L'œuvre se fracassa au sol. Des bouts de faïences multicolores se dispersèrent jusque sous la table basse et le meuble télé. Rémi oublia instantanément la description du régime alimentaire des lamantins. Pauline s'excusa, au bord des larmes. Son fils lui dit aussitôt que ce n'était pas grave, et il se mit à ramasser. Mais, en provenance de l'allée du garage, un vacarme retentit. « Ne bouge pas », dit Rémi à sa mère. Il mit son manteau et sortit, la lampe de poche de son téléphone pointée vers la source du bruit. Là, près de la haie, les poubelles avaient été renversées, les sacs se déversant sur les pavés. Rémi entendit rire. Prêt à s'exclamer, il n'en eut pourtant pas le temps, car Pauline venait de sortir aussi de la maison, son fusil de chasse tendu. « Encore ses sales gosses ! » hurla-t-elle comme une hyène. Puis, le coup de feu parti. Rémi se trouva abasourdi. Il se retourna en entendant ce grand bruit. La balle avait déchiré l'un des sacs, laissant percevoir les restes d'un dîner de macaronis aux aubergines et des paquets de mozzarella périmée qu'ils avaient dû jeter. Les gosses sortirent de leur cachette, effrayés. Pauline avait rechargé le fusil et le pointait dans leur direction. « Tirez-vous avant que j'envoie votre cervelle valser jusqu'à la porte de vos pères ! » Ils s'enfuirent aussitôt, non sans chuchoter « vieille folle » d'un air alarmé. Rémi n'en revenait pas. Il fixait sa mère, les yeux ronds. Depuis cette aventure, les enfants ne sortent plus la nuit. |
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